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L'héritage de Jacques de Vitry exposé à Londres et à New-York

Crosse ivoire JdVL'HERITAGE DE JACQUES DE VITRY REVIENT À NAMUR
Le Trésor d'Oignies à nouveau complet

La croix reliquaire de la Sainte-Croix ainsi que la crosse et un des deux anneaux épiscopaux  de Jacques de Vitry ont été prêtés au Metropolitan Museum de New-York. 200 000 personnes ont visité l'exposition "Jerusalem 1000-1400: Every People Under Heaven" et ont admiré ces pièces liées au Trésor d'Oignies. Ces pièces sont à nouveau visibles au TreM.a.

Le Trésor d’Oignies est un ensemble de pièces d’orfèvrerie exceptionnel produit par l’atelier du prieuré d’Oignies au 13e siècle. Il est repris depuis 1978 parmi les sept merveilles de Belgique et est classé depuis 2010 comme Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les objets ayant appartenu à Jacques de Vitry font partie de ce Trésor exposé au TreM.a à Namur. Jacques de Vitry est un dignitaire religieux et mécène qui a joué un rôle important dans l’histoire du 13e siècle. Il fait actuellement l’objet d’une étude scientifique novatrice : le projet CROMIOSS (Études croisées en Histoire et en sciences exactes sur les mitres et les ossements de l’évêque Jacques de Vitry).

De Jérusalem à Oignies, sur les traces de Jacques de Vitry
Jacques de Vitry (1180 ? – 1240) a été consacré évêque de Saint Jean d’Acre – aujourd’hui Accra au nord de l’État d’Israël, la capitale du Royaume chrétien de Jérusalem lorsque Jérusalem est occupée par les Ottomans. À ce titre il accueillera les croisés de la cinquième croisade emmenés par le français Jacques de Brienne et le légat du pape Pelagio Galvani. Jouant le rôle d’aumônier général, il accompagnera les Croisés qui se dirigent vers l’Egypte pour attaquer le Sultan du Caire. Consacré cardinal, membre de la Curie romaine, Jacques de Vitry reviendra à Oignies où il contribuera au développement de l’atelier d’Oignies qui a produit le fameux Trésor d’Oignies, un ensemble d’orfèvrerie du 13e siècle classé comme une des sept merveilles de Belgique. Jacques de Vitry enverra au prieuré et à l’atelier des richesses de tout ordre : pierres précieuses, perles, objets précieux, aides financières, mais aussi des reliques et non des moindres : une côte de saint Pierre, du lait de la Vierge, des os du pied de saint Jacques, des morceaux de la Vraie Croix, toutes chèrement négociées en Orient mais qui génèreront à leur tour protection et offrandes au bénéfice du prieuré.

Mitre en tissu : quelques exemplaires similaires dans le monde
L’exposition Opus Anglicanum: Masterpieces of English Medieval Embroidery - accessible depuis le 1er octobre 2016 au Victoria & Albert museum – réunit les chefs-d’œuvre de la broderie anglaise médiévale, connue sous le nom d'« Opus Anglicanum ». La mitre en tissu ayant appartenu à Jacques de Vitry est une pièce exceptionnelle, elle est un des rares exemplaires de l’opus anglicanum à avoir traversé les siècles. Pour des raisons de conservation, elle ne peut pas être montrée en permanence au TreM.a, l’exposition à Londres constitue une opportunité unique de pouvoir admirer cette broderie luxueuse d’une grande complexité technique qui a en outre été restaurée récemment.

Projet CROMIOSS : vérifier la tradition historique concernant Jacques de Vitry
À son décès, à Rome en 1240, la dépouille et les richesses de Jacques de Vitry sont confiées au prieuré d’Oignies où le tout sera considéré comme des reliques et conservées dans le Trésor d’Oignies aujourd’hui exposé au TreM.a à Namur : ses anneaux épiscopaux, ses deux mitres, son autel portatif, sa crosse en ivoire. En septembre 2015, les ossements de Jacques de Vitry ont été exhumés de l’église Saint-Marie d’Oignies pour être transférés à l’Université de Namur dans le cadre du projet scientifique CROMIOSS. La tradition historique veut que l’évêque inhumé au prieuré d’Oignies en 1241 et le propriétaire des mitres liées au Trésor d’Oignies soient une seule et même personne : Jacques de Vitry. Ces affirmations n’ont cependant jamais pu être infirmées ou confirmées. CROMIOSS, lancé par la Société archéologique de Namur avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin, a pour objectif de vérifier cette théorie grâce à l’apport des sciences exactes dont l’anthropologie, la biologie et la physique nucléaire. Innovation scientifique dans la région namuroise, CROMIOSS réunit des scientifiques de l’Université de Namur, l’Institut Royal du Patrimoine artistique, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, du Centre européen d’Archéométrie, du Musée de la Mode d’Anvers, du service Archéologie du SPW et de la Katholieke Universiteit Leuven. Le projet a reçu le soutien du Fonds Jean-Jacques Comhaire, géré par la Fondation Roi Baudouin.

Prochaine étape : analyse de l’ADN
La comparaison de l’ADN présent dans les mitres du Trésor d’Oignies avec celui des ossements attribués à Jacques de Vitry permettra de déterminer s’il s’agit d’une seule et même personne, une personne qui pourrait être Jacques de Vitry. L’objectif de cette analyse est de mettre en évidence une possible concordance entre le porteur des mitres et le propriétaire des ossements qui sont conservés dans cette église. L’analyse comparative des ADN marquera la fin du premier volet de CROMIOSS. Le deuxième volet du projet consiste en une étude approfondie des deux mitres du Trésor d’Oignies (l’une en tissu, l’autre en parchemin) selon plusieurs méthodes scientifiques : analyse par spectre de masse, spectroscopie micro Raman pour analyser les pigments des miniatures, examen macroscopique pour étudier les fils d’or et d’argent… Ces recherches sont destinées notamment à dater les mitres et à les recontextualiser notamment au sein du Trésor d’Oignies, grâce à l’obtention de nouvelles informations telles que la provenance du parchemin, les pigments dans les enluminures, les techniques de tissage, l’analyse des colorants textiles et l’identification des types de fibres. Autant d’informations qui devraient permettre de lever un coin du voile sur de nombreuses inconnues relatives au Trésor d’Oignies, comme la provenance des mitres et leur contexte de fabrication.

 

 

 

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