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L’histoire bout-à-bout

Thierry Falmagne 1L’HISTOIRE BOUT-À-BOUT
Etude des fragments de manuscrits de la SAN

 

 

Dans l’étude du livre ancien, les historiens commencent à s’intéresser à ce qui est morcelé, isolé, déclassé, ils ne s’attachent plus systématiquement aux plus beaux exemplaires ou enluminures. Passionné par les fragments de manuscrits, ces morceaux détachés volontairement d’un volume, Thomas Falmagne est venu en résidence à la Société archéologique de Namur pour recenser et étudier cette collection particulière.

Au Moyen Âge les manuscrits jugés obsolètes étaient souvent démembrés afin de réutiliser leur matériau principal : le parchemin. Cette peau tannée constituait un matériau très solide qui pouvait être récupéré pour différents usages : couvertures, pages de garde, étiquettes, fonds de cahiers… Au Moyen Age, ce recyclage médiéval était courant dans les monastères et abbayes namuroises notamment. Il avait pour objectif de pouvoir relier d'autres ouvrages à moindre coût. Historien médiéviste et Chercheur à la Bibliothèque nationale de Luxembourg, Thomas Falmagne est occupé à la description des manuscrits médiévaux au Grand-Duché de Luxembourg. Il a déjà publié 2 catalogues sur Echternach en 2009 et Orval (janvier 2017). Le dernier  tome de la collection s’intéressera aux « petites provinces » de la Grande région de Luxembourg, soit dans une large zone culturelle allant de Namur à Metz et Verdun à Trèves.

Découverte de 100 fragments de manuscrits
Durant le Moyen Âge, la région namuroise était un lieu de production de manuscrits, les derniers recensements font état d’environ 300 ouvrages d’avant l’an 1500 qui proviennent de la région. La  Société archéologique de Namur en conserve pas moins d’une centaine de cette période dans un fonds comptant plus de 300 manuscrits datant du 9e jusqu’au 19e siècle. « La SAN conserve plus de fragments que de manuscrits, et rien que pour cela, cela vaut la peine de les étudier » a constaté Thomas Falmagne. Durant son étude des fonds de la bibliothèque précieuse conservés par la SAN au TreM.a et à Terra Nova, il a découvert une centaine de morceaux de manuscrits qui n’étaient ni connus ni inventoriés. Thomas Falmagne a ainsi répertorié au total 134 fragments de manuscrits, dont plus d’une centaine étaient inconnus avant ses recherches.

Reconstituer l’histoire régionale
Ces morceaux détachés d’un livre peuvent nous apprendre beaucoup sur le livre lui-même, mais aussi sur l’histoire régionale. L‘étude des fragments permet souvent d’identifier la période de production de l’ouvrage original, sa provenance et son contenu. Une contre-garde décollée a ainsi pu être attribuée à un manuscrit du 16e s. provenant de l’abbaye cistercienne du Jardinet (Walcourt) et quatre feuillets ont pu être assemblés et attribués à un lectionnaire de grand format de l’abbaye de Saint-Hubert dont on avait perdu la trace. Le contenu des ouvrages dont proviennent les 134 fragments concerne pour un tiers des ouvrages religieux, le reste étant consacré au droit et aux sciences alors qu’une minorité est en langue vernaculaire (allemand, italien…). Les recherches entamées par Thomas Falmagne sur les fragments de manuscrits de la SAN ouvrent de nouveaux champs d'études qui permettront certainement d’approfondir les connaissances relatives à l'histoire namuroise.

Légendes photos:

1. Fragment d’un Lectionnaire du 12e s. de grand-format, provenant de Saint-Hubert

2. Fragment d’un Évangéliaire du 13e siècle de provenance indéterminée

3. Texte poétique du 14e siècle en langue allemande, provenant probablement de Wenau, fille de Floreffe

 Falmagne Lectionnaire 1

 Falmagne Evangeliaire 3Falmagne texte poetique 2

 

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