Jardin du Cloître Marie d'Oignies Rue de Fer, 35 5000 Namur +32 (0)81 84 02 00 info@lasan.be

De Pise à Oignies, sur les traces du reliquaire de Saint-André

Claudia 534 bassedefDE PISE À OIGNIES, SUR LES TRACES DU RELIQUAIRE DE SAINT-ANDRE

Diplômée en histoire de l’art de l’université de Pise, Claudia Facchini a effectué son mémoire sur l’orfèvrerie de l’Entre-Sambre-et-Meuse au Moyen Âge. Une spécialisation originale pour une Italienne qui a ensuite franchi les Alpes pour effectuer deux stages successifs à la Société archéologique de Namur: l’inventaire des cartes & plans et des animations pédagogiques. 

Lorsqu’elle découvre dans une église de Turin le reliquaire de Saint-André, produit par l’atelier d’Hugo d’Oignies au 13e siècle, Claudia choisit d’étudier son iconographie pour son travail de fin d’études. Un sujet qui, outre le Moyen Âge, rejoint ses autres centres d’intérêts comme l’enluminure, les arts mineurs et les arts appliqués, mais qu’elle décrit volontiers comme paradoxal : « Quand on étudie l’histoire de l’art, on se déplace normalement en Italie pour ses recherches, alors que moi j’étais déjà là et j’ai choisi un sujet provenant de Belgique… » Après son diplôme et des expériences professionnelles en tant qu’Assistante pédagogique et Guide touristique, elle sollicite le programme d’échanges entre régions européennes Eurodyssée pour enfin franchir les montagnes de son Val d’Aoste natal. Claudia choisit la Belgique et plus particulièrement la Société archéologique de Namur pour son premier séjour à l’étranger, ce qui lui offre également l’opportunité de découvrir le Trésor d’Oignies exposé au TreM.a, juste en face des locaux de la SAN. Elle aimait déjà ces pièces exceptionnelles produites par Frère Hugo et son atelier au 13e siècle et la visite du musée lui inspire quelques réflexions : « Je pense qu’il – le Trésor, NDLR - devrait être mieux valorisé, il y a un manque de contexte autour de l’objet et de la période, on doit faire passer la mentalité de l’époque et ce que représentait alors un reliquaire. »

Collection inventoriée à 70 %
Arrivée à la SAN en décembre 2014, Claudia tombe à pic pour préparer l’exposition « Au milieu du monde : Namur – Cartes et plans de Namur 16e - 21e siècle » qui ouvrira au TreM.a le 31 octobre prochain. La collection de cartes, vues et plans de Namur de la Société archéologique est à cette époque très peu documentée. Sous la direction de Fiona Lebecque, Conservatrice de la bibliothèque précieuse et responsable de l’exposition, Claudia parvient à inventorier en quelque 500 pièces sur les 700 actuellement classées. Environ 70 % des cartes, vues et plans de la SAN disposent à présent d’une description complète comprenant notamment le titre, la date, l’auteur, l’état de conservation ainsi qu’une photographie. Un travail qui se révélera également utile lors de la prochaine mise en ligne des collections sur le site Internet de la SAN.

Animations « exotiques »
Sans doute marquée par son expérience, Claudia ne parvient ni  à quitter la Société archéologique ni la Belgique après son stage. Son souhait est exaucé lorsqu’on lui propose d’intégrer en tant que bénévole l’équipe des Animatrices pédagogiques pour assurer les activités, en français évidemment… Claudia est à la fois ravie et inquiète par cette proposition car elle a peur de ne pas maîtriser suffisamment bien sa deuxième langue, malgré les cours suivis depuis son arrivée et l’avis de tous. Elle rassemble alors tout son courage pour assurer sa première animation sur les chevaliers avec des enfants de 6 ans. « J’avais travaillé la matière pour vaincre l’obstacle de la langue mais travailler avec des enfants ça donne toujours du plaisir, ils n’ont pas d’a priori par rapport à la langue, au contraire ils trouvaient « exotique » que je vienne d’Italie. La « chaleur »  des enfants, ça aide toujours ! »  

Retour dans le Val d’Aoste
Après 6 mois passés en Belgique, Claudia est repartie dans ses montagnes après avoir laissé de nombreux souvenirs et un vide certain, à tel point que certains membres de l’équipe essayent encore , mais toujours en vain, d’imiter son délicieux accent italien. Son séjour lui a permis de redécouvrir sa passion pour les musées et l’histoire de l’art et elle souhaite trouver un emploi dans ce domaine. En attendant, elle retournera sur les bancs de l’école pour passer son agrégation afin de pouvoir également enseigner la littérature italienne et l’histoire de l’art. Ce qui l’a le plus surpris lors de son stage concerne la SAN où elle a passé la majorité de son temps mais est apparemment typiquement belge à ses yeux « Les gens choisissent ensemble, ils se confrontent tout en s’écoutant, alors qu’en Italie, c’est celui qui parle le plus fort qui décide ! »

Photo: Claudia Facchini.