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Quand une croix en cache une autre...

Quand une croix en cache une autre...
 
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Croix reliquaire à double traverse 

Cuivre doré et argent sur âme en bois. Début 13e siècle.
H. x l. : 32 x 17 cm.
Namur, TreM.a.
Coll. Société archéologique de Namur, inv. n° 23.

Cette croix faisait initialement partie du Trésor d’Oignies. Elle a été acquise en 1859 par la jeune Société archéologique de Namur qui œuvre déjà à la protection du patrimoine local. Elle suscite alors un réel intérêt non seulement de par sa qualité mais aussi par les trésors qu'elle renferme...

C’est notamment pour le nombre de reliques qu’elle contient que cette croix présente un intérêt incontestable.

A l’intersection du montant et de la traverse supérieure, trois lamelles en nacre formant une croix marquent l’emplacement de la relique principale : un fragment de la Vraie Croix.

Au revers, une inscription en onciales gravée dans le cuivre énumère les reliques contenues dans la croix : les saintes vierges : du vêtement de sainte Marie [d’Oignies] et de sainte Aldegonde : de saint Matthieu apôtre : de saint Victor martyr : de saint Lambert martyr : de saint Colomban : de saint Domitien confesseur : de sainte Barbe vierge : de saint Blaise martyr : de sainte Marie Magdelaine : de saint Feuillen martyr : du mont Sinaï : de saint Cunibert : de saint Vincent martyr : du corps de saint Georges martyr : de sainte Ode veuve : de saint Siméon : de sainte Begge : du tombeau du Saint Sépulcre : de la tête de saint Jean-Baptiste : de saint Bartholomé apôtre : de saint Cosme : de saint Damien.

Les reliques citées et leurs diverses provenances témoignent de l’ancrage mosan, des liens avec l’Entre-Sambre et Meuse, mais également des apports orientaux de Jacques de Vitry, évêque de Saint-Jean d’Acre et mécène de l’Atelier d’Oignies.

Le culte des reliques débute à Smyrne dans la seconde moitié du 2e siècle, autour des restes de l’évêque martyr Polycarpe. Le culte chrétien est alors interdit et régulièrement persécuté jusqu’au 4e siècle où il devient celui de l’Empire romain par décision de l’empereur Constantin. Son règne (306-337) et celui de ses successeurs facilitent les premiers pèlerinages vers les sites bibliques : Jérusalem, et plus largement la Terre Sainte.

Les reliques – objets au travers desquels s’exerce la puissance divine qui opère des miracles – sont recherchées, découvertes miraculeusement et opportunément, vénérées, fragmentées (dès le 8e siècle), dispersées, achetées, et parfois volées. Elles peuvent être illustres (couronne d’épines, Croix du Christ, ...), et venir de loin, ou concerner des saints locaux.

Puissant instrument de christianisation, le culte des reliques devient durant le Moyen Âge le support concret à la foi, tant pour les dirigeants que pour les peuples. Capital en puissance, les reliques sont ainsi parées des matières les plus nobles et leur culte encourage pleinement le développement des arts précieux.

Rendez-vous :
TreM.a, salle du Trésor.

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