Jardin du Cloître Marie d'Oignies Rue de Fer, 35 5000 Namur +32 (0)81 84 02 00 info@lasan.be

Les fibules émaillées, premiers témoins de l’approche intégrée de la SAN

fibule-ronde
  
Fibule discoïde en bronze émaillé à quatre digitations,
Diamètre : 4,5 cm
Haut-Empire. 
Provenance : Berzée
Coll. Fondation SAN, inv. A07880.

 

Ces fibules émaillées apportent un témoignage important de l’évolution de la SAN et de l’approche archéologique. Aujourd’hui encore, les travaux dont elles ont fait l’objet inspirent le respect aux scientifiques et fondent de nouvelles démarches méthodologiques.

En 1928, lors de sa constitution en asbl, les statuts de la Société archéologique confirment la recherche comme l'une de ses missions fondamentales, selon la formulation suivante : « propager le goût des recherches scientifiques dans le domaine de l’histoire, de l’art et de l’archéologie ».

La recherche était en effet déjà dès les premières années au cœur des actions de la Société archéologique de Namur. Comme d’autres sociétés savantes à la même époque, elle avait été fondée en 1845 dans le contexte de l’indépendance de la Belgique et d’une prise de conscience d’une identité nationale. Les travaux scientifiques et littéraires connaissaient alors un développement remarquable.

Les premiers acteurs de la recherche autour des collections conservées à la Société archéologique de Namur étaient bien entendu ses membres, qui publiaient régulièrement dans les Annales de la Société des articles de fond, des notices relatives aux collections, des documents inédits et des bulletins bibliographiques. Grâce à la pratique des échanges avec de nombreuses sociétés étrangères, instaurée précocement, la qualité des Annales assura rapidement à la Société archéologique un prestige dépassant les frontières nationales. Aussi, le Musée de Namur et les collections qu’il renferme attirent vite les chercheurs belges et étrangers.

Au cours du 19e siècle, grande période d’élan scientifique, l’archéologie s’émancipe progressivement de l’Histoire pour devenir une science à part entière. L’approche historico-culturelle, qui met l’accent sur la définition des sociétés historiques dans des groupes ethniques et culturels en fonction de leur culture matérielle, domine durant le 19e et le début du 20e siècle. Elle influence le modus operandi des amateurs d’archéologie de l’époque, dans un certain objectif de renforcement de la fierté et de la morale de la nation, et vise essentiellement à établir des séquences chronologiques régionales. Jules Borgnet, Eugène del Marmol et Alfred Bequet, premiers archéologues de la Société archéologique de Namur au 19e siècle, n’échappent d’ailleurs pas à cette tendance de donner priorité à la recherche typologique. Leurs travaux restent d’ailleurs des références pour la production scientifique d’aujourd’hui.

A partir de 1880, sous l’impulsion de Bequet, la SAN avait mené une vaste entreprise archéologique sur tout le territoire de la province de Namur. Les fouilles menées sur les sites gallo-romains d’Anthée, de Flavion, ou encore de Berzée ont fait entrer de très nombreux exemplaires de fibules dans les collections. Aussi, en 1900, Alfred Bequet publia son étude incontournable « La bijouterie chez les Belges sous l’Empire romain (2e siècle) » dans les Annales de la Société archéologique. Cette étude autour des fibules émaillées, conçue selon l’approche traditionnelle basée sur l’évolution des formes, avait permis, avec d’autres, d’établir les différentes typologies de fibules connues aujourd’hui. La Société archéologique avait fait preuve d’un travail de qualité scientifique et éditoriale : les planches reproduisant les fibules se démarquent encore par leur qualité d’impression.

planche-annales

Si l’approche de l’histoire, de l’art et de l’archéologie par les chercheurs a bien entendu évolué au cours des deux derniers siècles, l’intérêt pour les collections réunies par la Société archéologique se maintient. En 2015, dans le cadre de sa propre recherche, Maxime Callewart (ULB) a d’ailleurs combiné l’étude d’A. Bequet à des analyses sur les métaux utilisés dans ces fibules émaillées. Ces études interdisciplinaires montrent que non seulement les fibules émaillées étaient fortement utilisées à l’époque romaine, mais également produites dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, comme l’affirmait d’ailleurs déjà Bequet dans son article.