Une très rare bourse à reliques du 14e s. proposée au classement comme Trésor par la FWB.
L’IRPA (Institut royal du Patrimoine artistique) vient de terminer la restauration de sept bourses reliquaires médiévales, financée par la Province de Namur. Ces deux ans et demi de soins intensifs ont permis de déterminer que l’une d’entre elles au moins était une pièce exceptionnelle qui justifierait son classement comme Trésor par la Fédération Wallonie-Bruxelles. La Société archéologique, propriétaire de ce bien, a donc introduit un dossier de classement. Réponse dans un an.
Il a fallu examiner cet objet de très prêt pour découvrir qu’il était l’une des deux seules œuvres du 14e siècle témoignant des origines de la dentellerie et plus précisément de la subtile technique du point à l’aiguille. L’autre se trouve au Musée de Cluny. Il s’agit du Gant de l’abbé Pierre de Courpalay. Les analyses de l’IRPA estiment que la bourse à reliques de la SAN daterait entre 1260 et 1310, avec une probabilité de 77,4%.
Ce qui fait la rareté de ces deux objets, c’est qu’ils ne sont pas réalisés en broderie, mais en dentelle au point. Le gant au point de tulle, la bourse au point de Venise, bien plus complexe et au réseau de maillage beaucoup plus dense. Sa technique donnera naissance au fameux « point d’ivoire » ou encore « punto Avorio » utilisé et développé dans les prestigieuses réalisations des siècles suivants.
Les motifs en losange formés par les mailles de la bourse sont inspirés des textiles byzantins en soie, très prisés à l’époque à Venise et sur la côte adriatique. Tout porte donc à penser que cette bourse soit de réalisation vénitienne. Il s’agit d’un objet prestigieux, dont les fils de coutures et les nœuds sont constitués de fil d’argent doré. Les chercheurs sont passés à deux doigts d’en savoir plus. A l’intérieur de la bourse est en effet cousu un morceau de parchemin. Malheureusement, ses caractères tracés à l’encre ferro-gallique ne sont plus lisibles.
Ce que l’on sait par contre de l’historique de cette petite merveille de 16,5 cm de côté, c’est qu’elle est entrée – avec une autre bourse – dans les collections de la SAN en 1885. Le donateur en est un certain M. Perpète, qui précise qu’elles proviennent du prieuré d’Hastière.
La restauration – rendue possible grâce au soutien de la province de Namur – a permis de nettoyer les fils de soie, qui ont retrouvé une souplesse nécessaire, et de stabiliser la doublure en taffetas de soie. Cette bourse à reliques ainsi que les 6 autres reposent aujourd’hui dans un coffret façonné à mesure, bien à l’abri dans les réserves de la Société archéologique de Namur. Leur fragilité ne leur permet pas d’être exposées en permanence aux yeux du public.
Dans un an, la SAN comptera sans doute un Trésor de plus dans ses collections ! A suivre…