Les plats de reliure et l’évangéliaire du Trésor d’Oignies sont-ils réellement tous l’œuvre de Frère Hugo ? La SAN lance l’enquête.
Parmi les œuvres qui composent le Trésor d’Oignies, l’évangéliaire est l’une de celles qui n’ont jamais vraiment retenu l’attention des érudits, contrairement aux plats de reliure, désormais considérés comme des œuvres autonomes, qui ont suscité de nombreux commentaires en raison – notamment – de l’inscription qu’affiche l’un d’entre eux. La SAN tente d'en savoir plus.
La première description de l’évangéliaire remonte au travail de Paul Faider (1934), suivi par Ferdinand Courtoy (1952) (manuscrit protégé par deux ais de chêne, intérieurement peints en rouge, extérieurement revêtus de feuilles d’argent estampé, en partie doré, et de plaques au lacis de feuillages alternant avec des plaques niellées).
Il est pourtant mentionné dès 1628 dans l’inventaire de Rayssius (librum continens Evangelia), puis sommairement décrit dans la Spécification des reliques et reliquaires d’Oignies en 1648 (le livre de l’Evangille, manuscrit en parchemin, couvert de lames d’argent relevé en bosse), et enfin dans l’inventaire des pièces du Trésor déposées chez les Sœurs de Notre-Dame à Namur en 1818.
Aujourd’hui (probablement depuis le début du 20e siècle) séparé des deux ais de chêne richement ornés qui le protégeaient, le volume compte 178 feuillets de parchemin d’assez bonne qualité. Les réclames, qui avaient servi à faciliter l’assemblage des cahiers, sont partiellement ou complètement rognées. Elles semblent être l’œuvre du scribe. L’ouvrage paraît à première vue avoir été rédigé d’une seule main, et décoré de manière soignée, principalement par des initiales émanchées rouges et bleues.
Parmi les évangiles du sanctoral, on relève la présence de celui de la fête de saint François, canonisé en 1228 et dont le culte s’est étendu à toute la chrétienté l’année suivante. Le manuscrit semblerait dès lors avoir été réalisé vers 1230.
Cependant, une étude minutieuse de cet ouvrage permettrait de préciser et d’éventuellement revoir toutes ces présomptions. C’est pourquoi la Société archéologique, avec le soutien du Fonds Jean-Jacques Comhaire géré par la Fondation Roi Baudouin, a lancé un projet de recherche pour se pencher sur le contenu de l’évangéliaire et sur les aspects matériels de l’ensemble. Qui sait ? Peut-être en saurons-nous bientôt plus sur l’environnement de création du manuscrit et de sa précieuse reliure ou encore sur le fonctionnement et des relations du prieuré d’Oignies durant le Moyen Âge…