Pour les historiens de l’art, l’organisation des orfèvres du Moyen Âge constitue encore aujourd’hui un vaste champ de recherche. Concernant les 12e et 13e siècles, période faste pour la production d’orfèvrerie dans nos régions, les sources écrites susceptibles de nous livrer des informations sur le métier des orfèvres sont rares, voire même inexistantes. Les œuvres d’art que les artisans nous ont laissées sont donc les seuls témoins à notre disposition pour appréhender les pratiques des orfèvres, pour comprendre leurs gestes, leurs outils, l’organisation de leur travail. Au 13e siècle (le siècle de l’orfèvre Hugo d’Oignies), la question se complexifie encore, car le métier d’orfèvre semble connaître une phase de transition. Les ateliers monastiques cohabitent avec les ateliers urbains et laïcs, lesquels connaissent alors une expansion importante et finissent par supplanter les premiers. Mais les orfèvres sont également mobiles et n’hésitent pas à se déplacer pour répondre aux commandes importantes.
À travers l’exemple des œuvres de Hugo d’Oignies et d’autres pièces d’orfèvrerie conservées en Wallonie, comme la châsse de Notre-Dame de Tournai, la châsse de sainte Gertrude de Nivelles et celle de saint Remacle de Stavelot, nous tenterons de mieux comprendre comment travaillaient les orfèvres des 12e et 13e siècles, eux qui nous ont laissé quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de l’art du Moyen Âge.

Illustration : Châsse de Notre-Dame, pignon de l’Adoration des Rois mages. Nicolas de Verdun, vers 1205. Tournai, trésor de la cathédrale. Photo H. Cambier.

Hélène Cambier est attachée à l’Evêché de Namur pour la gestion du patrimoine mobilier des églises paroissiales. Depuis 2016, elle est conservatrice du Musée diocésain et Trésor de la Cathédrale de Namur.
Elle a étudié l’histoire de l’art médiéval à l’Université Libre de Bruxelles sous la direction de Jacqueline Leclercq-Marx. Elle est docteure en histoire de l’art de l’Université de Namur. Sa thèse, réalisée sous la direction de Michel Lefftz et de Mathieu Piavaux, portait sur l’orfèvrerie rhéno-mosane des 12e et 13e siècles, et plus précisément sur les décors filigranés caractéristiques de cette production. Ses recherches se concentrent sur les objets des trésors d’églises, avec un intérêt particulier pour leur matérialité et les conditions matérielles de leur élaboration.