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Un carnet de fouilles exemplaire

carnet
 
L'un des carnets des fouilles réalisées de 1955 à 1960 au Trieu Colin (Wépion)
Auteurs : Charles Leva et Pierre Claes
Coll. Fondation SAN.
 

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une œuvre d’art que nous présentons dans ce Click’art, quoique…

Ce carnet de fouilles couvert de dessins, relevés et commentaires illustre la qualité de l’approche de la SAN en pleine maturité scientifique.

Dès 1850, cinq ans après sa création, la Société archéologique creuse ses premières tranchées. L’objectif est clair : "moissonner le plus grand nombre d’antiquités pour développer ses collections". Jusqu’à la première guerre mondiale, elle mène d’incessants chantiers sur des sites remontant de la préhistoire à l’époque médiévale. En 1903, la création du service des fouilles de l’Etat, qui absorbe les financements publics, la force à ralentir ses activités avant que la guerre n’y mette fin. Par la suite, elle mena encore occasionnellement des campagnes de fouilles, d’autres acteurs officiels ayant pris le relais des sociétés savantes traditionnelles.

Le dernier chantier de fouilles mené par la SAN fut celui du Château des Comtes de Namur, entre 1996 et 2005, avec le soutien financier de la Ville de Namur et l’appui logistique de la Région wallonne.

Mais la relative rareté des nouvelles fouilles après 1918 n’a en rien affaibli la qualité du travail accompli. Depuis 1850, les membres de la SAN ont développé et constamment amélioré les techniques de fouilles, privilégiant une approche réellement scientifique, qui tienne compte du contexte des trouvailles. Cette notion était révolutionnaire à l’époque. Elle a inspiré certains principes archéologiques toujours mis en pratique aujourd’hui dans notre pays. L’intelligence de l’approche des pionniers de la SAN force encore l’admiration des spécialistes du secteur. 

vue de fouilles

vue de fouilles

Le présent carnet de fouilles en témoigne. Il recueille les notes rassemblées sur le chantier du Trieu Colin, à Wépion (Namur). Monsieur Albert Houart avait en effet fortuitement découvert deux tombes dans sa propriété. A partir de 1955 et avec le soutien de Charles Leva, la Société archéologique y mena 5 années de fouilles qui permirent de mettre au jour 39 tombes à incinération, démontrant ainsi l'existence d'un cimetière gallo-romain.

Ces découvertes ont permis de déterminer la présence, au 1er siècle, d’une petite communauté rurale et modeste, plutôt peu romanisée. Elle était installée sur les contreforts de la Meuse, à l‘abri des inondations. Pas de grand trésor ici, mais de menus objets, fibules, perles de colliers, bracelet… qui nous donnent de précieuses indications sur le niveau de vie des habitants.