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Des poignées d'amour métroaques !

Des poignées d'amour métroaques !
 
poignée métroaque
  
Poignée métroaque 
bronze, 2e-3e s pcn
Provenance : Villa d'Anthée
L. 17cm
Namur, Musée archéologique (fermé pour le moment)
Coll. Fondation Société archéologique de Namur

 

Les nombreuses poignées de bronze découvertes sur les voies romaines au départ de Bavay témoignent de la popularité du culte oriental de Cybèle et Attis dans nos régions aux 2e et 3e s. de notre ère..

Témoins d'un culte mystérieux et tragique

Aux premiers siècles de notre ère, le nord de la Gaule connaît d’importantes mutations religieuses et voit s’installer des divinités originaires de l’Orient.

La présence d’objets relatifs aux cultes de Cybèle et Attis, Isis et Sérapis, Mithra ou Sabazios dans nos régions est attestée par des nombreux témoignages.

Particulièrement cruelle et dramatique, la légende de Cybèle pour qui se castra le jeune Attis, est née en Phrygie. Le culte mystérieux de ces amants pathétiques fut ensuite adopté par les Grecs au 5e siècle. Les Romains, chez qui elle devint populaire dès 204 av. J.-C., la présentent comme « Magna Mater », Grande Déesse, Déesse mère ou encore Mère des dieux. C’est l’une des plus importantes divinités de l’Antiquité au Proche-Orient. Certains historiens y verraient même une préfiguration de Marie, mère de Dieu…

En Gaule, la présence du culte métroaque (désigne tout ce qui concerne le culte de Cybèle et d’Attis) est attestée le long des voies Bavay-Cambrai et Bavay-Tournai par une série homogène de poignées en bronze. Leur longueur varie entre 16 et 19 centimètres, ce qui pourrait les désigner comme des ornementations de meubles luxueux, probablement des coffrets. Leur décor très soigné devait plaire à une clientèle régionale jouissant d’un certain rang social.

Ces objets seraient plutôt associés au décor culturel qu’aux pratiques cultuelles. Cependant, les chercheurs restent très prudents quant à l’interprétation de leur utilisation.

C’est Bavay, l’antique Bagacum, qui a livré le plus grand nombre de ces objets, ce qui incite à désigner cette ville comme le centre de production de ces témoins de la popularité de Cybèle et d’Attis dans nos régions aux 2e et 3e siècles de notre ère.

À Namur, deux poignées ont été trouvées dans les cadres des fouilles de la villa gallo-romaine d’Anthée, à proximité de la voie reliant Bavay à Trèves.

L’illustration ci-dessus représente la plus complète des deux. Les pièces sont composées, au centre, d’un buste de Cybèle, drapée et coiffée d’une couronne. Le buste est accosté de deux lions, debout de profil, avec les gueules vues de face. En ce qui concerne les exemplaires de la Villa d’Anthée, les deux félins sont tournés vers la tête de la déesse. Mais ces décors peuvent varier. Dans quelques exemples exposés au Musée royal de Mariemont, au Getty Museum et au Palais des Beaux-Arts de Lille, ces fauves sont tournés vers l’extrémité des ornements recourbés. Celles-ci se terminent par un petit buste d’Attis, le jeune amant de Cybèle, coiffé du bonnet phrygien, surmontant une pomme de pin.

Sources :

  • Richard VEYMIERS. Dieux de l’Orient en Hainaut à l’époque romaine. Mémoires d'Orient. Du Hainaut à Héliopolis. Musée royal de Mariemont, du 7 mai au 17 octobre 2010, 2010, p. 41-61
  • Germaine FAIDER-FEYTMANS. Poignées dionysiaques découvertes aux environs de Courtrai (Belgique). In: L'Italie préromaine et la Rome républicaine. I. Mélanges offerts à Jacques Heurgon. Rome : École rançaise de Rome, 1976. pp. 275-283. (Publications de l'École française de Rome, 27)
  • Stéphanie BOUCHER. À propos des poignées «métroaques » dans Latomus 42.Fasc. 4, 1983, pp. 844-849.
  • Eugène DEL MARMOL. Villa d’Anthée (suite), dans les Annales de la Société archéologique de Namur, 15, 1881, pp.7-9, pl. VI, fig. 1

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